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Portrait : « À la découverte de la broderie contemporaine »


Clémentine BRANDIBAS 
– Brodeuse à l’aiguille –

Quels sont votre formation et votre parcours ?

À la suite d’un bac STI arts appliqués et d’une classe préparatoire aux grandes écoles d’art à Toulouse, j’ai intégré l’ESAA Duperré à Paris. J’ai par la suite obtenu mon DMA (diplôme des métiers d’art) textile spécialité broderie en 2011.
À l’automne 2012, je suis partie de Paris et me suis installée à Bordeaux. Durant quatre ans, j’ai été vendeuse conseillère dans une mercerie, un emploi à temps partiel qui m’a laissé le temps de développer mes premières œuvres brodées.
À l’automne 2016, j’ai été contactée par une créatrice : Yiqing Yin, qui m’a proposé de travailler avec elle sur un projet de collection de pièces haute couture. Cette collaboration a été un tournant dans mon parcours car elle m’a permis de quitter mon emploi « alimentaire » et de pouvoir me consacrer professionnellement à la broderie.

En 2018 j’ai eu l’honneur de me faire décerner le prix de la Jeune Création métiers d’art ainsi que le prix régional dans la catégorie Patrimoine par les Ateliers d’Art de France. Ces distinctions m’ont donné la chance de gagner en visibilité et de développer mon réseau en participant notamment à plusieurs expositions prestigieuses dont le salon Révélations 2019 au Grand Palais à Paris.

Entre 2017 et 2019 j’ai principalement réalisé des œuvres d’art pour des clients particuliers, sur commande ou via des expositions. Au fur et à mesure des années j’ai reçu de plus en plus de propositions variées de projets ou d’applications de mon savoir-faire qui continuent de me passionner et de me faire évoluer artistiquement et professionnellement.

©Gilles Leimdorfer

 

 

Quels sont les techniques et savoir-faire que vous utilisez pour vos créations ?

Je réalise principalement mes œuvres en broderie à l’aiguille et en marqueterie de plumes. La broderie à l’aiguille est mon premier médium et me passionne particulièrement car c’est une pratique manuelle ancestrale, qui peut être simple dans la mise en œuvre mais qui offre des possibilités plastiques infinies. J’aime le mélange de simplicité et de subtilité qui la définit : avec une simple aiguille, du fil et de la patience, tout devient possible. J’aime particulièrement les points traditionnels comme le point avant, le point de feston, le point de Boulogne ou le point de bourdon que je décline à l’infini autant dans la forme que dans le temps.
J’ai également mis au point une technique de broderie qui me permet de créer une sorte de fourrure de fil sculpturale, en jouant sur les implantations, les types de fils, et le support. Je l’ai expérimentée pour la première fois dans Papilionidae, une micro-fourrure entièrement brodée à la main.
La marqueterie de plumes est une technique plus personnelle que j’ai développée au fur et à mesure des années et qui m’inspire de plus en plus d’idées d’applications. La particularité de cette technique est de pouvoir travailler la matière plume comme une texture avec des possibilités de compositions/découpes et nuances infinies.

Comme définiriez-vous votre démarche artistique ? Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Mes œuvres témoignent de l’importance que j’accorde au temps et à la générosité dans l’acte de création, de ma volonté de partager et d’immortaliser les beautés complexes, immenses et fines du monde sauvage. Il y a cette citation de T’ang Tai (dynastie Ts’ing) qui dit : « Il ne s’agit pas tant d’imiter la nature que de prendre part au processus même de la Création ». Je puise en grande partie mon inspiration dans ses extrêmes : son intemporalité, ses mécanismes internes, ses mystères. J’aime jouer avec le spectateur et son appréhension de l’œuvre : je laisse souvent une ambiguïté entre l’aspect organique, presque reconnaissable et « naturel » de la matière et une composition volontairement abstraite. Je laisse volontiers la porte ouverte aux différentes interprétations et réappropriations de chacun.

 

Est-ce que vous collaborez avec d’autres créateurs ? Si oui, sous quelle forme ?

Ces trois dernières années j’ai vu mon activité évoluer progressivement. En parallèle de la création et de la vente d’œuvres d’art à destination de particuliers, j’ai eu la chance de me voir progressivement proposer de nouveaux types de projets créatifs très stimulants aux applications variées. Des collaborations avec des artistes ou des artisans, projets dans lesquels j’adapte mon univers et mes savoir-faire à leurs attentes ou à leurs problématiques. Par exemple : l’interprétation brodée d’une cotte de mailles pour les artistes Duo Y ou la création de médaillons en marqueterie de plumes pour des chaises conçues par la céramiste Célia Bertrand. Récemment j’ai aussi collaboré avec l’entreprise de papier peint haut de gamme Isidore Leroy dont l’équipe a créé des modèles de tapisserie murale à partir de plusieurs de mes pièces. Je réalise également de grandes œuvres murales via l’intermédiaire d’agents pour des projets d’architecture intérieure. Et enfin des collaborations basées sur une mutuelle admiration et des affinités entre artisans, dans l’idée de créer des œuvres à quatre mains (par exemple : collaboration avec la créatrice de masques Muriel Nisse, collaboration prochaine avec la céramiste Nadège Mouyssinat, etc.).

Quel est votre regard sur l’évolution de la broderie contemporaine ? Sur son intégration à des projets d’architecture et de décoration d’intérieur ?

J’observe avec curiosité les nouvelles pratiques qui se développent. Mon constat est que cette technique est vraiment caméléon et peut autant investir le monde de l’art en apportant un sens profond qui lie la main à la pensée que le monde de l’artisanat et du design par sa richesse de textures avec ou sans changement d’échelle. L’aller-retour entre ces deux mondes est passionnant et très stimulant au niveau créatif.

C’est votre première participation au salon résonance[s], qu’attendez-vous du salon ?

Je suis très heureuse de pouvoir présenter mon travail au sein du salon résonance[s]. Ce sera l’occasion pour moi de rencontrer un nouveau public de particuliers et de professionnels, peut-être une population un peu plus internationale par la position géographique du salon, avec qui se dessineront, je l’espère, des nouveaux projets et commandes. J’ai également hâte de découvrir le travail des autres exposants, de pouvoir parler et échanger avec eux et avec les visiteurs. C’est aussi une belle occasion pour avoir des regards extérieurs et des retours constructifs sur mes pièces et sur l’évolution de mon travail.

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