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Portrait : « À la découverte d’une technique rare : la gravure en relief »


Clément VINOT-BATTISTONI
– Graveur en relief –

Quels sont votre formation et parcours ?

Après une mise à niveau en arts appliqués, j’ai suivi un BTS en communication visuelle en 2009. Ensuite j’ai intégré l’École Estienne à Paris pour effectuer un Diplôme des Métiers d’Art spécialité gravure, obtenu en 2011. Finalement, j’ai poursuivi ma formation avec une licence professionnelle – Métiers d’Art.

Après mes études, j’ai intégré une imprimerie spécialisée dans l’anoblissement du papier (découpe, marquage à chaud et gaufrage), où je suis devenu élève de Maître d’Art pendant trois années.
En tout, je suis resté 9 ans dans cette structure, où j’ai tout appris sur l’impression, avant de lancer mon atelier de gravure. Après ces nombreuses années à travailler pour l’univers du luxe, j’ai décidé en 2021 de me consacrer pleinement à ma création.

Pourquoi avez-vous choisi de vous tourner vers la gravure ?

Au départ, je souhaitais simplement retrouver une technique manuelle, après avoir beaucoup travaillé sur les outils numériques lors de ma formation en communication visuelle.
En découvrant le vaste monde de la gravure, j’ai été frappé par la gravure en taille directe, c’est-à-dire sans l’aide de l’acide. C’est donc tout d’abord la maîtrise du burin (pour laquelle je suis mordu), puis celle de la gravure en relief. Le plaisir de créer un copeau dans le métal reste une sensation unique.

Quels sont les techniques et savoir-faire que vous utilisez dans votre travail ?

La gravure est la première étape de mon travail. Cela consiste à graver en creux dans une plaque de laiton le motif qui sera ensuite reporté sur le papier.

Le gaufrage consiste à déformer le papier entre la matrice (cette gravure en creux) et une contrepartie qui est son identique inverse en relief, à l’aide d’une presse. Le motif est alors déployé sur le papier grâce à la création d’un bas-relief. Ce sont les ombres et les lumières qui permettront une lecture efficace de l’image.

La gravure en relief, quant à elle, regroupe le fait de créer un bas-relief en creux ou en relief via des procédés de gravure. Cela peut-être un gaufrage mais également une médaille ou une monnaie.

Comment êtes-vous intervenu auprès des grandes maisons du luxe françaises pour lesquelles vous avez travaillé ?

De 2012 à 2021 j’ai travaillé pour des maisons de luxe française. À l’époque j’étais employé dans une structure où nous réalisions des objets éditoriaux pour ces marques. Cela pouvait aller des cartes de visite jusqu’au dossier de presse en passant par des invitations. En tant que directeur technique dans cette entreprise, mon équipe et moi-même avons également réalisé beaucoup de développement et de prototypes, que ce soit pour du packaging ou pour la création de décors.

Comment appliquez-vous votre travail à d’autres matériaux que le papier ?

Le cœur de mon travail est la réalisation de gaufrages sur papier. Néanmoins, aujourd’hui, je déploie mon univers via la création de bas-relief en béton, en plâtre ou en porcelaine.
Peu importe le support final : l’étape primaire reste toujours une gravure en creux. Elle me permet bien sûr de gaufrer le papier, mais aussi de réaliser des moules en plâtre ou en polymère qui me permettront de travailler d’autres matériaux.

Comme définiriez-vous votre démarche artistique ? Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Le fait de m’éloigner un peu du papier m’offre la possibilité d’envisager une gravure différente avec des creux plus importants, qui ne seraient pas possible sur le papier. De plus, cela multiplie les possibles finalités de l’œuvre. Le papier reste une matière précieuse mais surtout fragile. Le béton, le plâtre ou encore la porcelaine n’ont pas les mêmes contraintes, ni le même charme. Cela ouvre de nouvelles écritures afin d’enrichir mon travail que je définirais simplement comme la création d’un environnement dans lequel le réel se donne à voir de manière étrange. Je présente au spectateur des créatures méconnues et je révèle des mouvements que nous avons tendance à ne pas observer, à ne pas visualiser.
Ces derniers temps, les avant-gardes artistiques et surtout le mouvement futuriste m’influencent beaucoup, mais les racines de ma création sont solidement ancrées dans les classiques de l’art médiéval et renaissant.

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